La vie parmi les morts au Cambodge
Chez nous en France, j’ai souvent comparé les cimetières des lieux d’art, d’histoire et bien sûr de mémoire, se sont des musées à ciel ou de nombreux monuments sont le conservatoire de notre mode architectural, de notre religion et nos mentalités.
Malgré cela je n’ai jamais vraiment apprécié les cimetières.
Ici a Phnom Penh, les cimetières n’ont plus leurs vrais valeurs, ils sont devenus de vrai résidences pour certaines familles.
De nombreuses familles vivent dans des maisons de tôles ondulées sur pilotis entre les tombes du cimetière de Smor San.
Le nombre de personnes vivant ici dépasse de loin le nombre de morts.
Avant d’élire le cimetière comme leur nouvelle résidence, ses ouvriers en bâtiments ou petits commerçants, certains venaient d’une communauté installée au bord de la rivière Bassac, d’autres ont été expulsés. Leurs maisons ont été détruites. Aujourd’hui « leurs terres » est devenue l’île de tous les fantasmes « Diamond Island » (une copie des champs ELYSÉES) donc les parcelles de terrain sont les plus convoitée du royaume, pour les investisseurs étrangers sans scrupules, et oui ! à Phnom Penh, la capitale où les prix des terrains flambent, les résidences de luxe et les grands projets réalisés avec l’aide du puissant voisin chinois avoisinent des bidonvilles comme celui de Smor San.
Pour eux, vivre dans ce bidonville au milieu d’un cimetière est à leurs yeux le meilleur moyen de rester en centre-ville et de ne pas être relégués dans une lointaine banlieue, loin du grand marché.
Les cimetières sont étrangers à la culture cambodgienne, qui veut que les cendres des proches soient dispersées ou gardées dans des urnes.
Seuls des Vietnamiens sont enterrés à Smor San, et leurs descendants ne voient pas d’un très bon oeil ces intrusions au cimetière.
Les rumeurs de fantômes dans le cimetière qui s’animent à la nuit tombée ne sont pas prises au sérieux.
Les résidents disent que les âmes errantes, ne sont rien comparée à la peur de ne pas avoir d’habitation et de se retrouver dans la rue.
Les fantômes « sont comme leurs voisins, ils ne leur font rien. »