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Île de la Nadière

Il y a 2 semaines (sans Mimi) on était dans la région du Teruel en Espagne – Village de mon grand père. Quand je veux faire le vide autour de moi, je passe ma journée dans île de la Nadière une île oubliée du littoral
Située sur l’étang de Bages-Sigean, c’est une minuscule terre à peine émergée, dont l’histoire est passionnante.

On l’aperçoit en coup de vent (c’est le cas de le dire dans la région) quand on emprunte le train qui circule au milieu des lagunes entre Narbonne et Perpignan.
On la distingue également en arrivant par la route à Port-la-Nouvelle.

Sur l’îlot, une dizaine de maisons abandonnées en état de délabrement plus ou moins avancé.
Qui, à part les habitants du cru peut savoir que ce hameau abrita une communauté de pêcheurs qui vécurent là, loin de tout pendant plusieurs générations ?

La Nadière en vidéo

L’occupation humaine remonterait aux temps les plus lointains, comme l’attestent les viviers à poissons creusés dans le roc.

Mais l’histoire qui nous intéresse commence à la fin du XVIIIème siècle.

Depuis des années, les pêcheurs des villages alentour (particulièrement ceux de Gruissan) ont l’habitude de venir y passer quelques semaines, notamment à l’automne, époque des grandes migrations des poissons des étangs.

En 1836, une épidémie de choléra frappait la commune de Gruissan, entraînant l’exode de pêcheurs et de leurs familles en direction de Sainte Lucie.
La plupart fixèrent leur choix sur un minuscule îlot de l’étang de Bages-Sigean proche du hameau de la Nouvelle : la Nadière.
A cette époque, l’île appartenait à une famille sigeanaise, les héritiers Pleix de Mézy.

En 1844, elle fut rattachée avec Sainte Lucie à la toute jeune commune de La Nouvelle.
Assez rapidement une vingtaine de familles ont commencé à s’y s’installer de manière permanente parce que l’île est située dans un lieu de passage et donc de capture de poissons : anguilles, loups, dorades, soles, muges…

Dix ans plus tard, une centaine de pêcheurs et leurs familles vivaient sur cet îlot insalubre, privés d’eau douce et isolés du reste du monde par les eaux d’un étang capricieux.
Ils devaient s’approvisionner en eau douce et en vivres au village de la Nouvelle et la traversée de l’étang en barque n’était pas sans danger.

En 1869 un chemin d’accès reliant l’île à Sainte Lucie est réalisé, chemin que les tempêtes hivernales ont mis rapidement à mal.

En 1893, une passerelle en bois fut construite pour remplacer la chaussée détruite.

Dans les années trente, petit à petit, les maisons se vident et les familles s’installent à Port-la-Nouvelle.

En 1936, l’électricité est installée sur l’île et désormais, quelques réverbères mirent le soir leur lueur sur les eaux de l’étang.

Mais rien n’y fait.
L’utilisation du moteur dont sont progressivement équipés les bateaux des étangs ne justifie plus la présence sur place, dans des conditions si difficiles.

Désertée durant la seconde guerre mondiale, l’île devient peu à peu le symbole de la terre originelle,

En 1944, les derniers habitants quittent l’île. Après-guerre, quelques hommes sont bien tentés d’y revenir, mais les femmes refusent.

En 1947, le peintre Jean Hugo (arrière-petit-fils de Victor) le représente sur une gouache peinte sur carton.

En 1949, le démontage des lignes éléctriques était entrepris, l’île étant complètement déserte.

La Nadière ne sera plus jamais habitée

Mais le lieu fascine toujours, elle est une invitation au rêve et au mythe, vestige d’un temps passé idéalisé.

Au cours des années soixante, l’Association des amis de la Nadière est créée et commence à restaurer quelques bâtisses.

Aujourd’hui, tout semble à l’abandon et la nature reprend doucement ses droits.

Seuls ces murs rappellent le souvenir de ces existences faites de grandeur et de simplicité et qui, pendant quelques générations ont vécu ici, soumises aux caprices des vents et des eaux.

Malgré plusieurs tentatives de réhabilitation de l’habitat, l’île de la Nadière est aujourd’hui en ruines.

Aujourd’hui, la passerelle a disparu et ce n’est qu’en barque que l’on peut atteindre l’île.
La végétation a envahi les espaces et l’on se meut avec difficulté d’une maison à l’autre.

En pénétrant dans les ruines, on comprend aisément le dénuement dans lequel ont vécu ces familles.

Et l’on imagine assez bien la vie de cette communauté, avec sa solidarité nécessaire ainsi que de probables lointaines querelles inhérentes à toute vie menée en vase clos.

Visite de la Nadière au départ de port la Nouvelle en Photos 10/04/22

Article sur l’île de la Nadière